Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

28 juin 2012

La presse en revue, semaine 42 & 43

Le futur mémorial de Notre-Dame-de-Lorette formera 
une ronde (photo © Artefactorylab/AAPP  )
Avec retard, suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

Dans les régions ● On en sait un peu plus sur le mémorial international du plateau de Lorette (ci-contre) : selon La Voix du Nord, il prendra la forme d'un anneau de béton sur lequel seront inscrits les noms des 600000 soldats amis et ennemis d'hier. Il sera inauguré au printemps 1914. ● Le maire d'Annay (Pas-de-Calais) et son équipe pensent avoir mis au jour un ancien hôpital militaire sur ce qui fut le front de l'Artois, rapporte La Voix du Nord. ● Le sort du monument allemand du cimetière Saint-Charles de Sedan continue de mobiliser, comme en témoigne l'après-midi débat organisé pour évoquer les édifices allemands issus de la Grande Guerre (sources : L'Union et le site de la  Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais, SHAS), rendez-vous qui a été une "première étape" dans le projet de sauvegarde de l'édifice, qui menace ruine, selon L'Union. ● Dans une lettre ouverte publiée par Le Monde dans la rubrique "Idées" du 13 juin, plusieurs historiennes et historiens appellent à  une "autre voie" pour la Maison de l'Histoire de France. Deux membres du comité d'orientation scientifique de la Maison de l'Histoire de France répondent dans le même quotidien : si une autre voie est possible, laquelle ? ● Les commémorations de la bataille de la Somme auront lieu cette année du samedi 30 juin au lundi 2juillet. La liste est à consulter sur le site Somme-Battlefields. ● Le Spiegel Online revient sur le travail de sauvegarde des vestiges de la Première Guerre mondiale de Jean-Luc Pamart et de son association Soissonnais 14-18 (en anglais).

Hors de France ● Le projet européen Cendari, qui vise à numériser les archives européennes et à les rendre accessibles via une plateforme transnationale, vient de recevoir un financement de 6,5 millions €. Il sera axé dans un premier temps sur les ressources de la Première Guerre mondiale, rapporte le site Actualitté. ● Plusieurs documents sélectionnés dans le cadre du projet Europeana 14-18 sont d'ores et déjà visibles dans une "exposition" virtuelle hébergée sur le site de la bibliothèque numérique européenne (en anglais). ● Le DailyMail revient sur le projet de mémorial de Douvres, à la mémoire des 1,7 million de Britanniques morts pendant les deux derniers guerres mondiales, et sur le choix du site. Le monument devrait être inauguré le 4 août 2012 (voir RP 41, en anglais). ● L'épave du HMS E14 - un sous-marin britannique qui a exécuté l'un des raids les plus audacieux de la Première Guerre mondiale en coulant une petite flottille de navires de guerre turcs dans les Dardanelles - a été retrouvé 94 ans après avoir été coulée, raconte The Guardian (en anglais). Pour cette opération, le vaisseau avait été décoré de deux Victoria Cross (source id., voir aussi ce papier du Dailymail).  ● Pour le centenaire de la Grande Guerre, la BBC prépare une fiction radiophonique qui sera diffusée durant quatre ans. Elle racontera l’expérience des soldats d’un régiment britannique appartenant à un régiment de transmission, le “Signal Corps”, pendant le conflit. Le premier épisode sera diffusé à l’été 2014 pour s’achever à l’automne 2018 (source : The Guardian, an anglais). ● Dans le MailOnline, billet très critique du journaliste Max Hastings sur l'étrange amnésie qui frappe les Anglais et leur gouvernement concernant les deux derniers conflits (en anglais). ● Une étude sur le secteur énergétique révèle que, depuis la fin de la Première Guerre mondiale,  le sol et les côtes de Grande-Bretagne restent truffés de bombes et de mines, rapporte le site Scotsman.com (en anglais). ● En Australie, le combat pour réparer les injustices faites aux vétérans aborigènes à leur retour des deux grands conflits mondiaux se poursuit, selon The Independent (en anglais). ● L'organisation des commémorations du centenaire se poursuit en Australie : celles-ci devraient durer ainsi une semaine en 2015 à Canberra, et un système tirage au sort devrait être mis en place pour les "pèlerins" qui souhaitent se rendre sur la presqu'île de Gallipoli, selon le Canberratimes (en anglais). ● Selon le site c21media, une chaîne payante australienne a donné son accord pour la mis en chantier d'une mini-série de six heures consacrée à la campagne de Gallipoli. Elle sera produite par l'acteur Sam Worthington. ● En Italie, le Frioul a lancé un portail de la Grande Guerre en prévision du centenaire, avec photos, cartes interactives... (en italien, source messaggeroveneto).

Dans l'agenda...  ● Dans le cadre de l'expo "Les malles ont une mémoire", balade historique à Fromelles, le 1er juillet 2012 consacrée à l'histoire des combattants allemands, britanniques et australiens engagés dans la bataille de Fromelles, les 19-20 juillet 1916. Un accent particulier sera mis sur le compositeur et poète Yvor Gurney de la 61ème division britannique dont les camarades ont participé aux combats. ● Du 19 juillet au 17 août, lancement de l'opération "Les portes du temps" au musée de la Grande Guerre de Meaux qui donne accès aux plus jeunes à l’histoire du premier conflit mondial par la découverte et la pratique de la musique (télécharger le DP).
A voir, à lire et à écouter... ● A lire, dans criminocorpus, histoire de la justice, des crimes et des peines, "Garaison, un camp de familles internées dans les Hautes-Pyrénées (1914-1919)", du maître de conférences d’histoire contemporaine à l’université de Rouen, Jean-Claude Vimont. ● A lire : le livre Le jour de deuil de l’armée française, de Jean-Claude Delhez (sur l'ouvrage : billet du site Ceuxde14). ● A écouter : quelle avenir pour l'étude de l'histoire, dans l'émission "Service public" de France Inter. Avec Laurence de Cock, professeure d'histoire-géographie au lycée Joliot-Curie de Nanterre, Nicolas Offenstadt, maître de Conférence en histoire du Moyen-Âge à l’université Paris 1 Sorbonne, et Jean Sévilla, rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine.

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

21 juin 2012

Au 36e RI, on ne connaît (pas encore) la chanson

A gauche, la musique du 36e RI à la veille de la Première Guerre mondiale. A droite, le refrain du 36e RI dans
L'Almanach du drapeau, édition 1907.
A l'occasion de la fête de la musique, revenons sur le chant du 36e RI. A la veille de la Première Guerre mondiale, si l'on en juge le Service intérieur des corps de troupe d’infanterie (éd. Lavauzelle 1913), chaque régiment possède en effet, en plus de sa "clique" avec clairons et tambours, une musique essentiellement composée de cuivres, sous l’autorité du chef de la musique. Celle-ci possède en outre, comme chaque régiment, son "hymne", selon le Recueil d'historiques de l'infanterie française, du général Andolenko (éd. Eurimprim, 1969), qui rapporte ce "refrain" pour le 36e RI :

"
Le 36e d'infanterie est un régiment de bons garçons, 
ton, ton, ton, ton, gamelle et bidon..."

Pour en savoir un peu plus sur la "petite musique" de l'unité normande, nous avons donc interrogé Jean-François Durand, chef de musique hors classe, qui a bien voulu nous éclairer sur l'origine de ce refrain : "Au départ, le «refrain» est un signe de ralliement pour les troupes sur les champs de bataille, surtout à la nuit tombée : sans aucune visibilité, les belligérants des camps opposés pouvaient se rencontrer par hasard les uns avec les autres. Pas de moyen de se différencier en pleine nuit, sinon par l'intermédiaire de ces refrains, qui, à l'origine, étaient des batteries de tambours, puis des sonneries (thème musical très court généralement de l'ordre de huit mesures) de trompette de cavalerie, pour être plus tard jouées au clairon, voire également au sifflet. Dès lors, tous les régiments ont eu des refrains différents afin de se reconnaître les uns des autres, et, surtout, pour permettre à leurs ouailles de se retrouver au bon endroit sans se mélanger. Il est bien évident que des deux côtés de la ligne de front on a essayé de connaître les refrains utilisés afin de semer la confusion, et faire quelques prisonniers en économisant les affrontements..."
Signe de ralliement et de reconnaissance, ces refrains en raison de l'évolution des moyens de transmission ne serviront bientôt que lors des prises d'armes, pour annoncer l'arrivée du chef de corps du régiment. "Généralement, ces refrains figurent en début de la partition musicale de la marche du régimentselon Jean-François Durand. Sans vouloir être désagréable dans le propos, les paroles du refrain sont adaptées au niveau intellectuel  de la troupe, dont la différence de niveau d'éducation nécessite de faire simple et facilement mémorisable. Les textes parlent d'eux même. Par exemple : «Marie j'ai vu ton c...» (refrain du 5e régiment d'infanterie), qui associe par un langage imagé sur un thème musical simple (limité aux notes de la trompette de cavalerie ou du clairon), ce que le soldat de base retiendra le plus facilement du monde. Ce n'est bien entendu pas toujours le cas, il arrive également qu'une allusion à un événement de la vie du régiment soit associée, et que seules les troupes de ce régiment comprennent l'allusion."
Ces couplets verront pourtant leur usage progressivement cesser avec l'évolution des moyens de transmission et la disparition des régiments.Les exhumer aujourd'hui demeure délicat : "Le collectage des divers refrains et marches des régiments d'infanterie a été en effet sporadique. Ce n'est qu'une fois ces régiments et musiques dissousque l'on s'est rendu compte que ce travail n'avait jamais été fait. C'était un peu tard.... mais il nous en reste toujours quelque chose. L'ouvrage L'Almanach du drapeau, de 1907 (photo ci-contre), propose ainsi dans ses pages les refrains de 163 régiments d'infanterie, mais malheureusement toutes les paroles ont été réécrites en raison (pour certains) du contenu un peu gaulois. C'est dommage, car cela ne correspond pas du tout, et il est à craindre que cela ne soit perdu irrémédiablement." 
Pour le 36e RI, ce livre reprend ainsi textuellement les paroles du Recueil d'historiques de l'infanterie française que nous mentionnons plus haut. "Mais j'ai un doute, poursuit le chef de musique. Ce refrain (dans le player, refrain Almanach 1907) parait bien long si l'on en prend la totalité et si nous nous référons uniquement au texte proposé, il finit sur une note qui n'est pas une conclusion (dominante et non tonique)...


"Mais L'Almanach rapporte une variante du refrain qui semble correspondre beaucoup plus (cliquer sur Almanach deuxième partie). C'est plus représentatif et plus court. Mais, encore une fois, cela n'est qu'une hypothèse.
"Et puis, nous avons aussi cette sonnerie, relevée en 1914 (troisième refrain dans le player), qui n'a rien à voir avec les précédentes. Bref, tout cela traduit bien une histoire un peu mouvementée. S'il nous est possible de retrouver des noms de musiciens, qui pourraient les avoir consignés quelque part, cela serait miraculeux."

A noter que Jean-Hugo, lorsqu'il fut engagé au 36e, relate dans son livre Le Regard de la Mémoire, avoir entendu le "refrain" du régiment dans le Pas-de-Calais, dans le train alors que le régiment est dirigé vers l'Artois : " (...) A Auxi-le-Château, le clairon sonna le refrain du régiment : 

Au 36e de ligne,
Bon Dieu quelle discipline !
Au 36e c'est rigolo,
On couche toujours à la polo
C'était le signal de l'arrivée. On nous fit descendre des wagons (...)"



15 juin 2012

Août 14 : la guerre vue des sanitaires

Poursuivons notre évocation des combats du Châtelet, en août 1914, en reprenant deux témoignages qui nous sont parvenus. Le premier, déjà évoqué, émane du médecin Louis Levasseur, du service de santé du 11e régiment d'artillerie de campagne (RAC). Rappelons que le 11e RAC, en garnison à Rouen, constitue l'artillerie de corps du 3e CA. Il est transporté à partir du 5 août dans les Ardennes, au nord de Rethel. D'après son historique régimentaire, il entre le 17 en Belgique, après quelques étapes "longues et pénibles".

"(...) 22 août.

L'église de Gerpinnes.
Départ de Thy-le-Château à 2h30 pour aller prendre une position d'attente entre Presles et Tarcienne. Vers 8 heures départ précipité vers Gerpinnes, passage à Acoz et Villers-Poterie, où nous arrivons vers midi. Vers 13 heures, le groupe se porte en avant, les batteries de tir cherchent une position en avant d'un petit bois situé entre Bouffioulx et Presles*. Une section de la 4e batterie peut seule prendre position. Le groupe des échelons reste en colonne dans le bois, sur le côté gauche de la route, à droite des groupes d'échelons du 4e groupe du 11e régiment et du 43e régiment d'artillerie. Le milieu de la route est occupé par un régiment de tirailleurs algériens (le 9e ?) qui se porte en avant. Le combat fait rage, les obus éclatent au-dessus des bois, les balles perdues passant pour la plupart très bas, blessent les chevaux de l'échelon. L'encombrement est tel qu'il est impossible de faire déboîter la voiture médicale et que nous devons nous contenter de donner des soins aux nombreux fantassins blessés qui s'éloignent du champ de bataille. Une heure à peine se passe, que l'ordre de repli est donné, le mouvement de demi-tour est fait à bras dans un ordre parfait. Des blessés se hissent sur les coffres, d'autres sont emportés sur des brancards, un sous-lieutenant de tirailleurs et un sergent-fourrier sont hissés sur la voiture médicale et une véritable grappe de tirailleurs blessés s'accroche à cette voiture. Nous traversons le village de la Figotterie rempli de blessés ; nous installons le plus grand nombre de blessés sur de la paille le long des maisons et les confions aux médecins d'une ambulance qui déjà donnent leurs soins à de nombreux autres. Je fais donner un brancard pour le transport du commandant Kahn, du 36e régiment d'infanterie très grièvement blessé**, que des hommes de son régiment s'efforcent de transporter à l'ambulance. Pendant l'arrêt, les tirailleurs s'emparent malgré nous de nos brancards et nous ne pouvons en conserver que deux. A ce moment le groupe des échelons s'est éloigné, nous sommes restés seuls de notre corps dans le village et nous n'avons aucun renseignement sur la direction prise par les batteries. Nous avons toujours les blessés des tirailleurs montés sur la voiture médicale et nous avons recueilli en route, au milieu de nombreux autres, cinq blessés appartenant au 4e groupe du régiment (…) Nous décidons de les transporter à l'ambulance installée dans l'église de Gerpinnes, malheureusement celle-ci est déjà très encombrée et la place qui l'environne est entièrement couverte de blessés couchés ; une maison portant un drapeau de la Croix-Rouge où des blessés sont soignés par des sœurs de charité est également encombrée ; nous pensons alors à utiliser la gare et ses dépendances pour y installer provisoirement un poste de secours. Au moment où nous arrivons à la station vers 16h30, un train de voyageurs entre en gare ; il est occupé seulement par une dizaine de civils. Le chef de gare interrogé nous apprend que ce train se dirige vers Givet*** où il demandera les instructions utiles au commissaire de gare. Les blessés nouvellement venus sont ensuite installés dans les locaux de la gare. L'heure passe et nous avons hâte de rejoindre notre unité si faire se peut. Sur la foi de quelques vagues renseignements, nous prenons la direction de Tarcienne****. Vers 20h00, nous parvenons à retrouver l'échelon de la 6e batterie, nous le suivons dans le mouvement de retraite qu'il opère pour rejoindre les autres échelons, dans la direction de Somzée (…) Nous prenons place derrière l'échelon de la 4e batterie qui ferme la marche, mais cet échelon s'égare de nouveau à Laneffe et nous rejoignons seuls Chastrès***** qui nous a été indiqué comme lieu de rassemblement. Nous y arrivons le 23 vers 1 heure. (…)"

* Il s'agit du bois du Châtelet.
** Selon l'historique du 36e RI, Kahn a été frappé de 22 balles de mitrailleuses...
*** A 37 km au sud-est de Gerpinnes
**** A 4 km au sud-ouest de Gerpinnes
***** A 10 km au sud-ouest de Gerpinnes

Source : Rapport du médecin Louis Levasseur, 11e régiment d'artillerie de campagne (Service de santé du 2e groupe : J.M.O., cote 26 N 924/36)

12 juin 2012

La presse en revue, semaine 41

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

Dans les régions ● Selon La Dépêche, l’association “Les Polynésiens dans la guerre” ouvrira bientôt son site Internet pour recenser "tous les documents" relatifs à ce qu’ont vécu les Polynésiens sur les différents champs de bataille autour du globe depuis la Première Guerre mondiale. ● Dans l'édition du Télégramme du 31 mai dernier, portrait d'un retraité de Ploumagoar (Côtes-d'Armor) de 78 ans qui, depuis 2006, rénove le carré militaire du cimetière de la Trinité, à Guingamp. ● Comment voit-on le classement Unesco depuis la ville d'Arras, s'interroge L'Avenir de l'Artois. ● Le 10 juin, un hommage à sept soldats écossais morts à Flêtre (Nord) durant la Première Guerre mondiale et récemment identifiés s'est tenu à Caëstre, en présence de familles de défunts, selon La Voix du Nord. ● Le même quotidien nous rappelle le destin de Jean Dubois de Gennes, "as" de l'aviation, "oublié ou presque", natif de Desvres (Pas-de-Calais) et le site de la BBC (photo) raconte celui d'Eugene Jacques Bullard, un des premiers pilotes de chasse noirs de l'histoire. ● L'Union revient sur la découverte de la dépouille du sous-lieutenant Legay par Eric Marchal, président de l'association de la Main de Massiges (Marne). L'occasion de rapporter un travail de réhabilitation exemplaire (voir RP 40 et 31). De son côté, le site de la chaîne privée britannique ITV News relate la découverte des restes du soldat François Bideau, du 118e RI, sur le site de La Boisselle (voir le site de la Boisselle en français), dans la Somme. ● Quatre vingt treize ans après la fin de la guerre, le parrainage de Villers-devant-le-Thour (Ardennes) par le village de Russey (Doubs), qui a entre autres permis la reconstruction du bourg, a été fêté le 3 juin dernier, raconte L'Union. ● En France, relate L'Union, la Poste lance cinq timbres, dessinés par l'illustrateur et graphiste Pierre-André Cousin, sur l'univers des petits soldats. L'un d'eux représente un fantassin de 1914 avec son pantalon garance. ● Le site Verdun-Meuse fait le point sur "l'étrange Jerry Hester", candidat à la direction de la Mission du Centenaire américain, et propose d'organiser un grand débat avec les challengers américains au poste.

Hors de France  ● L’Euro 2012 de football a débuté la semaine dernière, l'occasion d'apprendre, sous la plume de l'historien Michel Merckel, "comment la guerre 14-18 a fait émerger le football en France" sur le site du Nouvel Obs (à voir, sur le même sujet, cette page du musée impérial de la guerre sur la football pendant la Première Guerre, en anglais). ● Le musée In Flanders Fields, situé à Ypres, a rouvert ses portes. Regards croisés high-tech et nostalgiques sur la Première Guerre, selon le site LaLibre.be, ou musée "pour la nouvelle génération qui n'a pas connu la guerre", rapporte La Voix du Nord (voir aussi cette page de France 3). ● Selon un communiqué du ministre des pouvoirs locaux, de la Ville et du Tourisme du gouvernement wallon, un centre d'interprétation de l'histoire militaire sera créé à Mons afin de mettre en valeur le rôle de la ville durant le premier conflit mondial et plus particulièrement la légende des "Anges de Mons". ● Un nouveau mémorial national à la mémoire des 1,7 million de Britanniques morts pendant les deux derniers guerres mondiales verra bientôt le jour sur les falaises de Douvres, selon le site Express.co.uk (site officiel du projet, en anglais). ● L'Australian War Memorial veut retrouver l'histoire de ces Aborigènes qui se sont battus sous le drapeau australien depuis plus d'un siècle, selon le portail News.com.au.

Dans l'agenda...
  ● Jusqu'au 17 mars 2013, au Centre mondial de la paix, des libertés et des droits de l’homme de Verdun, l'exposition "Drôle de peuple!" propose un vaste choix de dessins et caricatures de Plantu concernant l'Allemagne et la relation franco-allemande (dossier de presse à télécharger ici).
A voir, à lire et à écouter... ● A découvrir, le catalogue de l'exposition "1917" (49,90 €, tout de même) du centre Pompidou-Metz, objet autonome mais "indispensable", selon le site l'Exponaute, sur une "année terrible et féconde, telle qu'elle n'a jamais été exposée avec tant d'intelligence sensible", pour Le Point (à lire aussi une analyse de l'expo dans Le Monde). A noter également en marge de cet événement, plusieurs rencontres-conférences, spectacles vivants ainsi que des ateliers pendant une bonne partie de l'été (voir agenda). ● Selon le blog de Jean-Dominique Merchet, la prochaine promotion de l'Ecole spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr-Coetquidan sera baptisée " De Castelnau" en hommage au général de Castelnau (1851-1944), saint-cyrien de la promotion du «du 14 août 1870», mais aussi à ses trois fils tombés au champ d’honneur lors de la Grande Guerre. A cette occasion, le blog Theatrum Belli présente un petit aperçu des qualités militaires et humaines de ce chef d'état-major de Joffre, "l'un des plus brillants officiers de sa génération", selon Rémy Porte, historien (lire l'interview sur Secret Défense). ● A découvrir, l'histoire de la Première Guerre mondiale d'Eric Vuillard (éd. Actes Sud, 19,30 €) dans La Bataille d'Occident, une histoire écrite "avec une grande hache", selon le site Biblios. ● A découvrir Les soldats inconnus de la Grande Guerre: la mort, le deuil, la mémoire (éd. Soteca 14/18, 24,30 €, présentation sur le blog L'Histoire en rafale). ● A lire, une nouvelle analyse du livre de Thomas Weber par François Depla  La Première Guerre d'Hitler (Perrin) sur le site Mediapart. ● A lire, une interview du directeur de la maison d'édition Anovi, Eric Labayle, sur le blog Guerres et Conflits. ● A noter : parution de la revue "Champs de bataille thématique" sur le sujet "L’aviation du Kaiser dans la Grande Guerre". En kiosque, 11,95€. ● A lire enfin, la BD en noir et blanc très graphique Des lignes du front, illustrée par des lettres envoyées par les poilus (éd. Warum, 12,20 €).

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?

11 juin 2012

Charleroi, l'œil de l'historien

Pour compléter les "instantanés" de Marcel Houyoux sur l'engagement du 36e RI le 22 août 1914, lors de la bataille du Châtelet, relisons le court passage donné par Georges Gay dans son ouvrage La Bataille de Charleroi, Août 14 (Payot), paru en 1937. Régiment par régiment, le texte de l'historien analyse le rôle de chaque unité de la Ve Armée dans cette offensive sur un temps "long" (1er au 23 août 1914). Les sources de l'auteur sont nombreuses : archives officielles, rapports d'exécutants, documents locaux et "souvenirs" d'acteurs de ces événements – "souvenirs" sans doute écrits, recueillis après le conflit, malheureusement aujourd'hui introuvables. Sans surprise, ils font état d'un régiment calvadosien se faisant étriller en étant engagé frontalement (1er bataillon et restes du 1er bataillon dans la charge de la brigade Schwarz), en vaine contre-attaque (3e bataillon) ou se faisant déborder par son adversaire (2e bataillon).

Le monument de Châtelet, en Belgique.
"L'ennemi atteint les abords nord d'Ormont et y place des mitrailleuses. Il est près de 9 heures. En possession de ces positions, il accable les tranchées du III/39e RI d'un déluge de balles qui y causent de grands ravages.
"Dans le même temps, le I/36e RI (commandant Kahn) et le II/36eRI (commandant Saunier), entrent dans la mêlée pour combler le vide existant à la droite du 39eRI. Le 1er bataillon, à gauche, quitte la lisière nord-ouest de Binches et s'avance vers l'est de la cote 170, appuyant sa droite à la ferme du carrefour de la route de Villers-Poterie. Le IIe bataillon, se reliant par la 7e compagnie (capitaine Blondeau), au 1er bataillon, se déploie à droite vers Presles et chemine dans l'axe de la route Châtelet-Les Binches. La progression est rendue pénible par le bombardement des 77 et des obusiers de 150. Une section de la 2e compagnie tente de se porter en avant vers le Château d'Eau ; mais la fusillade ennemie est particulièrement gênante. Le 36e parvient à la voie ferrée de la route de Presles au nord de laquelle des fractions allemandes ont déjà pris pied. Celles-ci sont mises hors de cause et la route est franchie sous un feu très meurtrier. Le commandant Kahn est blessé une première fois, mais reste à son poste Poursuivant son avance, le 36e arrive au nord de cette route et atteint Carnelle qu'il ne peut dépasser. La 1re section de mitrailleuses du lieutenant Besnier qui soutient la 7e compagnie tire vers 9h1/2 sur des goupes visibles à la lisière du Châtelet*. Des sections de la 8/129e RI en position depuis l'aube associent leurs efforts à ceux du 36e.
Le chef du Ier bataillon reçoit une nouvelle blessure qui le met définitivement hors de combat**. il sera sauvé par le sous-lieutenant Gesrel.
Sur le front du II/36e, la tâche n'est pas moins rude. Celui-ci doit atteindre le petit bois situé à l'est du parc de Presles et l'occuper définitivement. La 5e compagnie (capitaine Navel) parvient à la lisière nord de l'objectif, à 400 mètres des futaies du bois de Broue d'où l'ennemi débouche peu après accueilli par les feux du II/36e RI***. Cependant, les fantassins allemands réussissent à prendre pied dans la corne nord-est du bois occupé par la 5e compagnie, et la droite du bataillon opère un premier repli sur la croupe au nord de Presles. Les vides sont nombreux dans les rangs. Beaucoup d'officiers sont tués ou blessés. Le capitaine Blondeau, rendu aveugle par une balle, reste avec sa compagnie à laquelle il continue de donner des ordres. Le commandant Saulnier est blessé et passe le commandement au capitaine Navel. Celui-ci rallie les débris du bataillon, les reconstitue et les dispose dans les fossés de la grand'route de Châtelet où ils continuent la résistance. Bien que leur feu soit très nourri, les Allemands n'exploitent pas immédiatement leur avantage.
Il est 10 heures. La bataille fait rage de Presles à Bouffioulx et la marche du 36e est enrayée. (...)
Le III/36e (commandant Bouleis) est engagé sur Bouffioulx. En première ligne, la 9e compagnie (capitaine Prieur) compagnie de direction et droite du bataillon se dispose en ligne de sections par quatre ayant à sa gauche la 11e, se déploie et traverse la dépression de la Sarthe avec le terril d'Ormont pour objectif. Arrivée sur la croupe qui domine le vallon de Bouffioulx à 400 mètres de l'ennemi, les premières chaînes de tirailleurs sont reçues par une fusillade nourrie. Les mitrailleuses ennemies font rage. Bondissant de moyettes en moyettes, le bataillon continue son mouvement malgré un feu d'enfer, de front et dans son flanc gauche découvert vers 11h30 par le repli de la 10/39e RI sur Accoz. Les 9e et 11/36e RI sont à 250 mètres de l'ennemi ; il est près de midi.
Le commandant Bouleis donne alors un coup de corne et les compagnies s'élancent à l'assaut à la baïonnette, le chef de bataillon en tête sous un feu qui redouble d'intensité. Le commandant Bouleis est tué, et l'élan est brisé. Le III/36e, dont le capitaine Peuillard de la 10e compagnie a pris le commandement se replie rapidement sur les bois en arrière. Là aussi le courage et le cran n'ont pu vaincre la résistance de l'ennemi et ont été annihilés par la violence du feu des mitrailleuses, reines de la bataille moderne.
Le bataillon fortement diminué reflue vers la Figotterie où il sera bientôt rejoint par les tirailleurs algériens qui combattent à sa droite****. (...)


* Souvenirs du lieutenant-colonel Besnier, lieutenant à la 1re SM/36e RI. 
**Souvenirs du lieutenant-colonel Kahn et du capitaine Blondeau. 
*** Souvenirs du commandant Navel, capitaine de la 5/36e RI en 1914. 
**** Souvenirs du lieutenant-colonel Prieur, capitaine de la 9/36e RI.

4 juin 2012

La presse en revue, semaine 40

Suite de notre revue de presse sur l'actualité de la Grande Guerre pour les jours passés...

En France 28 juin, dernier lundi du mois de mai, jour de commémoration du Memorial Day, dédié au souvenir des hommes et femmes américains morts sous les drapeaux. A l'origine baptisée Decoration Day, cette journée fut créée aux USA à la fin de la guerre de Sécession, précise le blog Historyinahour (en anglais). Cette année, les cérémonies se sont enchaînées en France dans les cimetières américains, comme celui de Bony, dans la Somme, selon La Voix du Nord. A Belleau, les caméras "de la chaîne du Pentagone" retransmettaient en direct l'événement outre-Atlantique, rapporte L'Union-L'Ardennais (photo ci-contre). Pour la circonstance, à Seringes-et-Nesles (Aisne), poursuit le quotidien, l'un des arrière-petit-fils de Theodore Roosevelt était maître de cérémonie,  l'occasion pour la famille du vingt-sixième président des Etats-Unis d'honorer la mémoire de Quentin Roosevelt, mort au combat en 1918. Enfin, à noter qu'en marge de ces cérémonies, plusieurs voix se sont élevées (voir ici et , en anglais) pour déplorer l'absence aux Etats-Unis de monument aux morts "national" de la Première Guerre mondiale, se faisant ainsi le relais du dernier combat du vétéran américain Frank Buckles, mort en février 2011 (voir, sur le sujet, RP 30, 25 et spécial 11 novembre).

Dans les régions  ●  Un habitant de Soupir (Aisne) a eu la surprise de déterrer l'ensemble des os d'un squelette qui semblerait être celui d'un soldat français de 1914-1918, raconte L'Union-L'Ardennais. ●  97 ans après, le corps du sous-lieutenant Arthur Charles Leguay a été rendu par la terre de la Main de Massiges (Marne). L'homme a été identifié grâce à sa plaque nominative, rapporte Ouest-France.

Hors de France  ●  En Belgique, le parti écolo a interpellé le bourgmestre de Liège sur le programme de commémoration qu'il estime "trop lacunaire", selon Lesoir.be. ● En Angleterre, une nouvelle loi est en préparation pour combattre les vols de métaux dans les églises et les monuments aux morts, selon The Telegraph (en anglais). ● Le Daily Mail a consacré cette semaine un étonnant reportage à une étudiante, spécialiste des "arboglyphs", ces graffitis sur les arbres effectués pas les soldats anglais lors de leur passage en France (en anglais). ● L'historien américain Paul Fussell, vétéran de la Seconde Guerre mondiale (lire ici le LA Times), est mort le 23 mai dernier. L'occasion pour beaucoup de quotidien, dont The Guardian, de revenir sur le travail de cet homme qui a dénoncé l'idéalisme meurtrier de la Grande Guerre, notamment dans son livre le plus célèbre The Great War and Modern Memory (1975, lire ici nécrologie du Guardian).

Dans l'agenda...
 ●  A Sedan, le 22 juin, journée de débats sur le patrimoine de la Grande Guerre sur le thème "Le patrimoine de la Grande Guerre à Sedan et ailleurs. Quels enjeux ?", rapporte le CRID. Pour ceux qui n'ont pas suivi "l'affaire" du monument aux morts allemands, voir infra dans ce blog.
A voir, à lire et à écouter... ● Suite de l'exposition "1917", une expo fleuve "captivante" selon Claire Baudéan pour France Info, qui a interviewé les deux commissaires de l'exposition.● Le calendrier des animations à suivre, de juin à octobre, sur le champ de bataille de Verdun, ainsi que le programme de la manifestation "Les 4 jours de Verdun", ont été mis en ligne par l'OT Verdunois. ●  A écouter, l'émission "Avec ou sans rendez-vous" du 29 mai, consacrée à la grippe et son histoire, sur France Culture. ●  A lire 20.000 soldats sous la terre, peintures murales et graffitis des fortifications de Thionville, Metz et Strasbourg, de Michaël Séramour, éditions Serpenoise, 3 avenue des deux fontaines, BP 70090, 57004 Metz cedex 1, 40 € (à lire un billet sur le blog Guerres et Conflits) ● A lire Les travailleurs chinois en France dans la Première Guerre mondiale, sous le direction de Li Ma, éd. CNRS Editions, 39 € ● Au rayon des BD : à lire, le tome 2 de la BD L'Ambulance 13, Au nom des hommes, par Cothias, Ordas et Mounier, éd. Bamboo, 13,90 € (à lire une critique sur Actua BD), ainsi que le premier opus du Long Hiver, 1914, de Patrick Mallet, éd. Casterman, 14 € qui mêle, selon Sceneario.com, récit très réaliste de la Première Guerre Mondiale avec des éléments de légendes celtiques.

Et vous, qu'avez-vous remarqué ces jours-ci ?