Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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15 avr. 2010

Brimont : un château en Espagne pour la 10e brigade (III)

 Suite de notre billet consacré aux combats dans et autour du château de Brimont en septembre 1914.

Les lisières sud du bois de Brimont hier et aujourd'hui (via Google Street View). Photo de droite, dans la trouée,
le château de Brimont. La route suit la ligne des tranchées allemandes lors des combats autour du château en septembre 1914.
Le trajet des bataillons Navel et Duchemin
pour rejoindre le château de Brimont.
Le deuxième bataillon du 36e régiment d'infanterie retranché au château de Brimont, la lourde machine militaire française continue de donner contre le mur allemand... Pour la journée du 16 septembre 1914, les ordres de la 10e brigade demeurent, à savoir pratiquer une attaque "brusquée" sur le village de Brimont et la ferme de l'Espérance. Dans leur entreprise, les petits Normands du Calvados, en pointe de cette attaque, doivent être renforcés par un bataillon du 129e RI. Mais celui-ci a pris du retard.
Conduite par le commandant Léopold Duchemin, la formation a en effet quitté la Verrerie, à 1,5 km de là (voir plan ci-contre), dans l'après-midi du 14 au 15. La lourde masse humaine s'est s'écoulé lentement, homme par homme, à l'abri des feux ennemis. Elle a passé par la voie ferrée, le long du canal de la Marne à l'Aisne, puis a rejoint les bois de Soulains. La consigne : marcher en silence, en tenant les baïonnettes et les bidons. Mais une fois dans la forêt, les hommes ne peuvent déboucher et rejoindre le château, en raison des tirs qui partent des tranchées allemandes et traversent la plaine. La journée du 15 s'est donc déroulée en faisant de la sape pied à pied sous les bombardements. Enfin à 4h15, en pleine nuit, le bataillon a débouché et a réussi à se porter par petits groupes sur la demeure et son grand parc arboré.
Selon le JMO de la 5e division, le bataillon est accompagné d'un peloton du génie, et quelques rapports mentionnent l'arrivée d'une corvée de ravitaillement. Le capitaine Meunier, de la 7e compagnie du 36e RI, signalera également dans son récit l'apparition d'un médecin-auxiliaire : "Celui-ci s'occupe immédiatement des blessés et installe une ambulance dans une vaste cave très profonde (cette installation sera pratiquée dans un deuxième temps, NDR) ; ce médecin auxiliaire fera preuve jusqu'à la fin d'une activité et d'un dévouement au-dessus de tout éloge."
Dès son arrivée dans cette enclave, Duchemin fait acheminer un compte-rendu au colonel de son régiment : "(...) Je vais compléter l'organisation des lisières du château commencée par le 36e RI, et chercher ensuite à gagner la lisière sud du bois de Brimont. Le commandant du 2e bataillon du 36e m'affirme qu'il n'y a aucune tranchée ennemie entre le château et la Verrerie. Toutes les fortifications ennemies seraient à l'est du château et au nord. Prévenir le bataillon de la Verrerie de ne plus tirer dans la direction du bois du château. Ces feux, hier matin, ont occasionné des pertes au 36e. La nuit a été calme aux bois Soulains. L'ennemi a allumé des feux aux tranchées. Il ne fait aucun mouvement en avant et n'a pas envoyé de patrouille." Le pli est porté à travers la plaine par le soldat Moulin, du 129e, qui, à son retour, rencontre avec un chef d'escadron d'artillerie, à l'ouest des bois de Soulains. Ce dernier, après avoir pris connaissance de sa mission, aurait dit : "C'est heureux que je vous ai rencontré, j'allais justement taper sur le château de Brimont" (le capitaine Meunier, dans son rapport, mentionne, de son côté, une erreur de l'artillerie française avec deux obus de 75 qui, le 16 septembre, auraient "blessé trois soldats et tué cinq vaches").

(A suivre...)

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