Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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29 janv. 2009

Trois jours en juin

(Photo ci-contre : le gisant du cimetière de Neuville-Saint-Vaast avec les insignes du 36e sur son col. Ci-dessous, l'emplacement actuel de la maison "E1")

Que se passe-t-il, à Neuville-Saint-Vaast, entre le 1er et le 4 juin ? L'historique régimentaire est très succinct sur cette période, le JMO tout aussi sibyllin. Quelques informations sont à dénicher dans les comptes rendus d'opération, conservés au Service historique de la Défense (SHD), à Vincennes.
Au soir du 1er, le 36e régiment d'infanterie compte en une journée 312 hommes hors de combat... L'attaque est un échec, les rapports jaunis en conviennent à leur façon toujours très elliptique. Un échec dû en partie, selon l'état-major, au "manque de préparation" de l'artillerie. Le général d'Urbal décide alors d'opérer "l'écrasement moral de l'adversaire par un bombardement intensif et prolongé". Et de procéder, dès le 4 ou au plus tard le 5, à l'enlèvement du village par un engagement de la 10e brigade (les 36e et 129e régiment d'infanterie réunis).
A partir du 2 juin, une fois la brume levée, le petit bourg est donc soumis à un feu ininterrompu d'artillerie lourde, à raison de 1000 coups par 24 heures. Celui-ci est grossi par l'artillerie de campagne et l'artillerie de tranchée. Deux groupements de mortiers de 58 lourds sont constitués, dans la nuit du 1er au 2, place de l'église, dans des abris construits la veille par le Génie. Mais à peine ont-ils commencé de tirer qu'ils sont contrebattus immédiatement par l'artillerie allemande et partiellement démolis. Le lendemain, "le PC du commandant du deuxième bataillon est atteint ; deux téléphonistes et plusieurs hommes sont blessés. Une demi-section de la 5e compagnie est enterrée dans un abri. On parvient à la dégager. Elle compte néanmoins trois morts et trois blessés." (JMO).
Dans le même temps, dans cette tempête de fer et de feu, l'attaque "sans interruption et méthodique" des ilots de résistance est poursuivie. Le 2 juin, l'infanterie du 36e et du 129e mélangés réussit à traverser la rue Verte et à prendre pied dans un des bâtiments du groupe de maisons (désigné par l'abréviation "E1", voir ci-contre photo de l'emplacement actuel), situé au centre du village. Les ailes de l'habitation (voir p.12 du JMO) sont investies et organisées par une compagnie du 3e régiment du génie alors que le combat continue : les murs effondrés sont remplacés par des sacs à terre, la toiture étançonnée, une grille métallique est posée sur les poutres du premier étage afin de prévenir les chutes de grenades. Mais toute progression vers d'autres bâtiments est accueillie par un feu dantesque.
Cinquante mètres plus au sud, la maison C3, qui borde la rue Marron, est également attaquée pour tenter d'en déloger les Allemands qui s'y sont retranchés. Le 4 juin, les occupants tentent une sortie, mais les Français leur font rebrousser chemin à coups de grenades.
A l'est du village enfin, le régiment est chargé une nouvelle fois (voir récit du 1er juin) d'enlever le grand quadrilatère à l'est de la Grande Rue. Mais celui-ci reste sous le feu du blockhaus hérissé de mitrailleuses, au croisement de la rue Hennebique et de la rue des Balloteux, et toute progression est impossible.
Graduellement, entre le 3 et le 4, les unités sont mises en ordre de bataille pour le combat, programmé au lendemain. Les trois bataillons du 36e s'étagent à l'ouest de la Grande Rue (l'est est dévolu au 129e). Le premier bataillon est en première ligne, devant le deuxième bataillon. Le troisième bataillon reste à la disposition du colonel commandant la 10e brigade.
En trois jours, du 1er au 4 juin, ces combats ont fait au régiment, selon le JMO, 73 tués, 147 blessés et 2 disparus.

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