Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
Comment consulter cette page ? Vous pouvez lire progressivement les messages, qui ne respectent pas un ordre chronologique (ils évoquent, par exemple, l'année 1915 ou 1914). Vous pouvez aussi avoir envie de vous attarder sur une année ou un secteur géographique : pour cela, cliquez dans la colonne à gauche dans la rubrique "Pages d'histoire du 36e" sur la période et le lieu qui vous intéressent. Tous les messages seront alors rassemblés pour vous selon l'ordre de publication.
Comment rentrer en contact ? Pour de plus amples renseignements sur ce site, ou me faire parvenir une copie de vos documents, vos souvenirs ou remarques, écrivez-moi. Mon adresse : jerome.verroust@gmail.com. Je vous souhaite une agréable lecture.

Avertissement : Si pour une raison quelconque, un ayant-droit d'une des personnes référencées sur ce site désire le retrait de la (les) photo(s) et des informations qui l'accompagnent, qu'il me contacte.

26 mars 2008

Une Saint-sylvestre agitée

Dans le "no man's land" au pied de Craonne. La plaine qui sépare les bois de Beaumarais des bois de Chevreux fit l'objet de constantes patrouilles lors de l'hiver 1915. La ferme de la Renaissance n'existait pas. (Photo : merci à Manu sans qui cette image n'aurait pas été possible). Après leur arrivée dans les bois de Beaumarais en décembre 1914, peu d'événements affectent la vie du 36e régiment d'infanterie. Les travaux de renforcement des tranchées suivent leur cours. Les guets succèdent aux reconnaissances des positions de l'ennemi, saluées, la plupart du temps, par quelques coups de fusils. Mais avec Noël et le jour de l'an, cette routine est bousculée. Dans la soirée du 24 décembre, les patrouilles françaises notent ainsi des chants qui s'échappent des positions allemandes, "avec accompagnement de flûte et probablement de violons." Une semaine plus tard, lors de la nuit du 31 décembre, l'agitation est encore plus prononcée. Vers 23h30, une vive fusillade éclate sur le front, vers l'est de la forêt. La corne du bois du bois est attaqué par les Allemands qui sont "aisément repoussés par le feu". Plus à l'ouest, en direction du petit village de Craonnelle, des salves sont également tirés des tranchées adverses auxquelles les Français ne répondent pas. L'origine de cette soudaine nervosité ? Pour le colonel du 36e RI qui rapporte une rumeur "sans aucune certitude, les Anglais du 2e étranger (le régiment situé à gauche du 36e RI) seraient sortis de leurs tranchées et auraient chanté l'hymne anglais. Les Allemands auraient alors ouvert le feu en chantant l'hymne allemand". Le lendemain, une patrouille conduite par l'adjudant Bourreau, de la 2e compagnie, part inspecter le terrain entre les bois de Beaumarais et les bois de Chevreux (photo). Après s'être placé en poste d'écoute pendant deux heures, le groupe est repéré par l'ennemi qui lui tire "une douzaine de coups de feu". Bourreau est blessé et ne peut plus marcher. Il ne doit son salut qu'au jeune soldat Carton qui le prend dans ses bras et le ramène dans les lignes françaises, en même temps que la patrouille (pour lire une version plus héroïque de la patrouille de l'adjudant Bourreau dans l'historique du 36e RI, allez à cette adresse). Plus étrange est le cas de cette reconnaissance, conduite par l'adjudant Kuhn, de la 4e compagnie, vers 3 heures du matin, toujours le même soir. Celle-ci a pour mission "d'aller chercher un drapeau blanc, planté dans la plaine, à environ 400 ou 500 mètres des lignes." Dès sa sortie, la troupe est accueillie pas des coups de feu, raconte l'adjudant dans son rapport. "La fusillade devenant plus intense, et vu le temps peu favorable pour qu'il me soit permis de remplir ma mission", le sous-officier préfère retourner vers les lignes françaises. Le capitaine, au dos du rapport, note : "L'adjudant Kuhn a montré peu de mordant dans l'accomplissement de sa mission malgré des ordres formels connus de lui. La seule excuse est qu'en raison d'un clair de lune intense, il semblait éclairé presque comme en plein jour."

25 mars 2008

De la guerre plein la hotte



Créés dès le mois de septembre 1914, les "dépôts d'éclopés et de convalescents" absorbaient les blessés légers, susceptibles d'encombrer les hôpitaux d'évacuation (HOE). Selon l'ouvrage d'Alain Larcan et Jean-Jacques Ferrandis Le Service de Santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale, ces structures "recevaient les affectations bénignes (entorses, abcès, varices, rhumatismes, eczéma, otites...) et les petits blessés susceptibles de guérir en quatre à cinq semaines au plus".
Cette lettre, retrouvée par Stéphan Agosto, fut écrite par un soldat du 36e d'un dépôt d'éclopé à Saint-Thierry, quelques jours après le premier Noël 1914. Entre lassitude et espoir, elle est un témoignage émouvant sur cette période et les espoirs pour la nouvelle année à venir. La voici retranscrite :


chateaux Thierry, 
le 26 décembre 
Chère Mère je tenvoie cette petite lettre pour te donner de mes nouvelle et en même temp pour te souéter une bonne et heureuse année car il faut ésperer quel ne sera pas si triste que celle que nous venons de finire car elle est assez mauvaise, je te dirais que je crois repartir sur le frond bientôt et je trouve le temp bien long, heureusement que zissille (?) viens me voire assez souvent pour me donner un peut courage et espoire 
et jespére revenir tout de même à versailles quoi quil y est beaucoup de mes camarades qui sont rester couchez dans les pleines de la Marne 
les boches tienne dure mais la partie est gagner pour nous, cest ce que je désirais, car maintenant sil marivais malheur je serais plus tranquil plus rien à te dire pour le moment 
je tembrasse Bien fort
ton Fils Pour la vie 
Louis ?
36 de ligne

Dépôt des éclopées 24eme escouade, 
gare chateaux Thierry

24 mars 2008

Ô douces nuits...

(Photo : première ligne dans les bois de Beaumarais. En arrière-plan, le village de Craonne. Légende rédigée par Fernand Le Bailly dans son album : "Le plateau de Craonne : photo qui a failli me faire tuer pour la prendre. Les Boches occupent toutes les maisons. De mon petit poste avancé, nos fils de fer barbelés, 6 mois d'affreux souvenirs. Quand je regarde cette photo, avec mes chers camarades, je revois le potager, à 150 m à droite" - où Le Bailly fera une patrouille le 24 avril 1915)


Le 24 décembre 1914, le 36e régiment d'infanterie poursuit son installation dans les bois de Beaumarais. Pour cette veille de Noël, le 1er bataillon cantonne dans le petit village de Chaudardes. Le grand manteau forestier est divisé entre le 2e bataillon (à l'est) et le 3e bataillon (à l'ouest). Comment se déroule la nuit du réveillon pour les hommes en première ligne ? Les rapports de patrouilles, conservés au fort de Vincennes, nous renseignent légèrement plus sur les principaux "faits de guerre" rapportés dans le journal de marche et d'opération de l'unité.
D'humeur combative, le colonel Bernard, commandant du régiment, ne cesse de fulminer contre l'artillerie lourde qui ne répond pas à ses demandes lorsqu'un objectif est désigné. Ce soir-là, les "artiflots" ne répondent pas une nouvelle fois à ses sollicitations, car la liaison téléphonique est supprimée, et ce, "pour être tranquille (...). Il est impossible de faire quelque chose d'utile dans de pareilles conditions" ! Pour Voisin, chef du 2e bataillon, la journée se passe sans fait notable. Des travaux sur les défenses accessoires sont relancés afin d'augmenter leur valeur défensive. Enfin, des tirs d'artillerie sur Craonne donnent toute satisfaction : "Les coups de 155 (…) étaient excellents. Les obus tombaient en plein dans le village."
Le 3e bataillon est moins à la fête. Entre 15 et 16 h, les lisières nord sont bombardées par les Allemands à coups d'obus fusants et percutants. Le sergent Mijoule et le soldat Bernard, de la 8e compagnie, qui n'ont pas eu le temps de se protéger, sont blessés par des éclats. Vers le soir, les hommes peuvent entendre les Allemands célébrer la veille de Noël par des chants qui se succèdent toute la nuit, "avec accompagnement de flûtes et probablement de violons". A la 10e compagnie, mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, poursuit l'écriture de son carnet qui va raconter son engagement dans la bataille de la Marne. En exergue, à la pointe de son crayon, il revient sur l'en-tête et le complète : "A ma chère femme Simone, à ma Suzanne et à mon petit Jean, j’adresse ce résumé de la vie que nous avons vécue mes chers camarades de combat et moi, depuis le 2 septembre 1914. Puisse ce résumé leur faire bien comprendre surtout que mon intention, en l’écrivant, n’a qu’un seul et unique but : glorifier avec eux le souvenir de ceux qui, hélas, sont tombés autour de moi pour la belle et grande Cause !" A quelques mètres de lui, le capitaine Lucien, commandant la compagnie, poursuit son long rapport sur l'organisation du mont Hermel. La petite hauteur, située au nord des bois de Beaumarais, est bouleversée en tous sens par les combats qui s'y sont déroulés les semaines précédentes. Il faut reprendre et réorganiser le mamelon et, surtout, enlever les cadavres que l'on trouve en tout lieu : "Le moindre coup de pioche y met à nu un cadavre à peine recouvert, tantôt français, tantôt allemand."
Les patrouilles s'enchaînent toute la nuit. Avec le gel, les approches dans les marais au nord du bois sont rendues plus difficiles : le bruit des souliers sur une glace entremêlée d'herbes fait un bruit qui s'entend de très loin. L'adjudant Costantini, à la 9e compagnie, part avec 1 sergent et 10 hommes surveiller un enclos avec un potager à l'intérieur. Il perçoit des chants accompagnés d'accordéons. Plus chanceuse, à une patrouille de la 7e compagnie échoit un poste creusé dans une meule de paille. Ont-ils vent des événements qui se déroulent au 2e étranger, placé à gauche du régiment, vers Craonnelle ? D'après un rapport de Bernard, commandant du 36e, le soir du 24 décembre, "les Anglais du régiment seraient sortis de leurs tranchées en chantant leur hymne national. Les Allemands ont ouvert le feu et répondu par l'hymne allemand".

En guise de conclusion.
Un an plus tard, le 24 décembre 1915, à Cappy (Somme) où est stationné le 36e RI depuis le 10 décembre 1915, un message téléphoné, signé du général, Mangin, parvient au colonel Viennot, commandant de la brigade, avec copie au chef de l'artillerie divisionnaire. Il est rédigé ainsi : "Demain matin NOËL, bonne garde silencieuse aux tranchées de première ligne. L'artillerie de tout calibre prête à ouvrir le feu sur les groupes allemands s'ils tentent de sortir avec ou sans armes, puis prendre comme objectif les tranchées d'où sortirait la manifestation. (...)"

23 mars 2008

Coulinage contre cafard

Légende de la photo ci-contre dans l’album de Fernand Le Bailly : "Nos 'gourbis' dans la fondrière de Beaumarais. Hiver 1914-1915."


23 décembre 1914
. Les ramures des arbres de Beaumarais se balancent sous un ciel bistre... A l'approche des fêtes de fin d'année, pour la plupart des hommes qui demeurent là, dans la terre et les bois, la tristesse est palpable : premier Noël sans famille, sous une pluie et un vent ininterrompus, avec des journées courtes, et pas ou peu de lumière pour les longues heures de nuit... Les colis reçus par certains soldats, avec paquets de tabac, cigares, chocolat, etc., ne changent pas grand-chose à l'état d'esprit. Beaucoup cèdent à cet état d'abattement et de fatalisme que l'on va appeler "cafard", qui métamorphose les combattants inexorablement en "machine à attendre". Ce découragement, le soldat Armand David, natif de Frénouville (14), l'a-t-il éprouvé ? En cette journée, peut-être s'est-il remémoré le temps où enfant, la veille de Noël, il allait "couliner" avec d'autres "rabesots" (petit enfant maigre en normand) dans le village de Bourguébus ? Lors de cette journée, on parcourait les champs en portant des torches - les coulines ou les brandons - dont on passait rapidement la flamme sur l'écorce des pommiers. On chantait aussi des formules semi magiques pour faire fuir vermines et parasites, comme dans le Bessin : "Couline vaut Folau / Pipe au pommier / Beurre et lait / Vienn'nt à pianté / Taupes et mulots / Sors de mon clot / Où j'te casse les os ! / Barbassionné, si tu viens dans mon clos / J'te brule la barbe jusqu'ès os !" Aujourd'hui, Armand David aimerait bien trouver l'expression capable de faire fuir les idées noires qu'il ressasse depuis quelques jours.
(A suivre...)

22 mars 2008

Aux sources du 36e

Voici les sources mentionnées dans les messages depuis la création du blog. Beaucoup d'articles se réfèrent à l'Historique régimentaire du 36e RI (A. Olivier Imprimeur-Editeur, 1920), au Journal de Marche et d'opérations du 36e régiment, à consulter au service historique de la défense, château de Vincennes (cote : 26N612) et à celui de la 5e division (cote : 26N268)
Côté témoignages, je reviens à de nombreuses fois sur ceux laissés par deux soldats du 36e RI : Jean Hugo, Le Regard de la Mémoire, Actes Sud, 1992, et aux Souvenirs de Jules Champin, à consulter à la bibliothèque de Service historique de la défense. Je cite également plusieurs fois Etienne Tanty, du 129e RI, et sa Violette des tranchées, Lettres d'un poilu qui n'aimait pas la guerre, éd. Italiques, 2002. Merci à Stéphan de son bon souvenir.
A noter que pour la période Neuville-Saint-Vaast, de nombreuses informations sont extraites d'un document intitulé "Extraits de quelques récits vécus des combats de Neuville-Saint-Vaast" (SHD, 24N83).


Prélude à l'Artois
Un régiment normand dans la Grande Guerre, historique du 39e RI, Bruno Nion, Ysec
Pierre Masse : pour mémoire (I)
Mémorial de la Shoah
Pierre Masse, note de Maurice Ribet. Discours de Marcel Poignard et Marcel Roger. Notice par Marcel Héraud., Calmann-Lévy, 1948
Retiens l'ennui
Bonhomme normand, journal des événements, bruits, et nouvelles du Calvados, Orne, et Manche, hebdomadaire, 1886, édition du 23 avril 1915.
Beaumarais, une citadelle passée aux oubliettes
Paul Cazin, L'Humaniste à la guerre, Plon, 1920.
Coup de main au Bonnet-Persan
JMO du 3e RG (26 N 1274/3), JMO de la 5e DI (26 N 268/4), Petite revue bas-normande de la guerre, Caen, 1915-1916
Roger Couturier, la plume brisée
Roger Couturier, Un soldat de la Grande guerre, 1897-1915, Paris, Impr. des Orphelins-apprentis d'Auteuil, 1915
Dans la "sale guerre" de Courcy
Dossier Adrien Wiart, XXX 100297 (<- à compléter)
Un mois en chantier
Emile Clermont, Le passage de l'Aisne, Grasset, 1921
Le dernier voyage de Charles Osmond
Dossier Charles Osmond,  XXX 99295 (<- à compléter)
L'écrasant tribut des soldats de la Manche
Interview réalisée par mail, juin 2009
L'exercice de stèle de Claude Duneton
Interview réalisé en juin 2009
Albert Thierry ou la guerre buissonnière
Interview réalisée en mars 2009
Dumont, le soldat d'albâtre
Le mémorial de la grande guerre, tome 1, Delaittre et Pilleux, éd. Societé Académique d'Histoire.
Berezina en Artois
Opérations 5e DI, SHD, 24N82-83
Lépine des tranchées (II)
Opérations 5e DI, SHD, 24N79-81
Cinq de l'infanterie
Bulletin des armées de la République n°211, 13/09/1916
La dernière lettre écrite par des soldats tombés au champ d'honneur 1914-1918, Flammarion, 1922
Trois jours en juin
Opérations 5e DI, SHD, 24N82-83
JMO de la 1ere comp., 3e bat., 3e Rég. du Génie, SHD, 26N1274/4
Lagardère, le Sulphart du Temple
Opérations 5e DI, SHD, 24N79-81
Le site culture.fr
L'attaque des passe-murailles
Dossier Jules Roy, 5YE 100272
Donald Browarski, mémoire vivante de l'Artois
Interview réalisée en décembre 2008.
Valse-hésitation à Montmirail
JMO 5e DI, SHD, 26N268
Sang d'encre
JMO 129e RI, SHD, 26N686
Opérations 5e DI, SHD, 24N82-83
Deux rescapés de l'oubli
Matricule de Georges Méneteau, archives de Paris, D4R11466
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
La Preuve par le Sang. Livre d'Or du Clergé et des Congrégations (1914-1922). Paris, Editions Bonne Presse, 1925
En attendant la dégelée
Deux musiciens dans la Grande Guerre, de Lucien Durosoir et Maurice Maréchal, Tallandier, 2005
Moniteur du Calvados n° XXX (semaine du 24 au 1/10/1914)
Opérations 5e DI, SHD, 24N79
Jours tranquilles à Courcy
JMO 129e RI, SHD, 26N686
Opérations 5e DI, SHD, 24N79
Prises de guerre
Les Armées françaises dans la Grande Guerre, Paris, Imprimerie Nationale, 1922-1937
JMO 129e RI, SHD, 26N686
Etat de glace à Beaumarais
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
JMO Santé 26N270
JMO 10e brigade 26N498
"Souvenir de 1918", de Maurice Genevoix
Almanach du combattant
Neuville s'en va
Opérations 5e DI, SHD, 24N82-83
La 7e compagnie au clair de lune
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
Moniteur du Calvados n° XXX (semaine du 4 au 11/02/1915)
Au-delà du Styx
L'Illustration n°3771, 12 juin 1915
Opérations 5e DI, SHD, 24N82
"En avant Normandie !"
Les Croix de Bois, Roland Dorgelès, Livre de Poche, 1975
Le cas étrange de l'adjudant Houette
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
Lépine aux tranchées
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
Statues de boue
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
La passion de notre frère le poilu, Marc Leclerc, Au bibliophile angevin, 1920.
Derrière les remparts du château
Paris-Normandie, 9 décembre 1958
Une Saint-sylvestre agitée
Opérations 5e DI, SHD, 24N81
Les trois coups de Neuville-saint-Vaast
JMO 5e DI, SHD, 26N268
JMO 10e brigade, SHD, 26N498
Voyage en Artois : du JMO...
JMO 5e DI, SHD, 26N268
"Un pauvre mutilé"
Vie des martyrs, de Georges Duhamel, Presses de la Cité, 2005
Coulinage contre cafard
Michel Lerond, Normandie, Christine Bonneton éditeur, 1978
Lazare Ponticelli
Paul Lintier, Ma Pièce, Plon, 1917
Trois années sous le drapeau de Beaulieu
Michel Lerond, Normandie, Christine Bonneton éditeur, 1978
La forêt désenchantée
La Ligne rouge, Terrence Malick, 1998
Opérations 5e DI, SHD, 24N80
Sonate d'automne
JMO 10e brigade, SHD, 26N498
JMO 5e DI, SHD, 26N268
Un château encaserné
Mémoires du château de Caen, J.-M. Levesque, éd. Skira, 2000
La mission du chanoine Bornot
Association amicale des anciens du 36e RI "Ex-Royal Anjou", bulletin n°5, Imprimerie Caennaise, 1947
"Artois, aux gais talus…"
Les champs et la mer, Jules Breton, Lemerre, 1875
L'enterrement dans la plaine
Ministère de la guerre. Instruction (pratique) du 24 octobre 1906 (modifiée le 28 octobre 1911) sur les travaux de campagne, à l'usage des troupes d'infanterie, Paris, Berger-Levrault, 1912
Cardron, un soldat un peu moins oublié
Les Croix de Bois, Roland Dorgelès, Livre de Poche, 1975
Dans l'antre du cabot patate
Journal des tranchées Le diable au cor, n° 8, 27 juin 1915
"Brimont, grondant et fumant..." (2)
En Campagne, Marcel Dupont, Plon, 1915
"Brimont, grondant et fumant..." (1)
De Sauret la honte à Mangin le boucher, Henri Dutheil, Nouvelle Librairie Nationale, 1923
Les Croix de Bois, Roland Dorgelès, Livre de Poche, 1975
A Courcy, quelques opérations de détail
Historique régimentaire du 129e RI, Anonyme, O. Randolet, 1920

14 mars 2008

L'invité du 36e : Lazare Ponticelli

En hommage à Lazare Ponticelli, dernier ancien combattant français qui, cette fois, ne reviendra pas, un extrait de Paul Lintier (Ma Pièce, Plon, 1917)

"C'est presque dans le silence que le capitaine commande d'une voix claire, vibrante et riche :
– En avant !
De la foule, en écho, monte un grand hourrah, un hourrah où éclatent, très distincts, deux sanglots déchirants.
Jamais jour d'août ne fut plus lumineux. Les galeries des avant-trains, les roues des pièces, les boucles et les crochets des harnais, les gueules même des canons sont enrubannés et fleuris. Les couleurs vives des rubans et des fleurs se mêlent, se fondent en une harmonie de clarté sur la peinture gris-fer de nos pièces.
(...) Les rues sont pavoisées. Nous défilons au pas. Vraiment le départ de ces hommes, d'entre lesquels beaucoup ne reviendront pas, est admirable de sérénité. Les canonniers sourient, immobiles sur les coffres ou abandonnés au pas des chevaux. Les femmes sur notre passage ont des gestes tragiques d'adieu. Nous sommes émus, mais c'est plutôt l'émotion de ce peuple, tout entier dans la rue, qui nous gagne, qu'une angoisse venue de nous-mêmes. "

Quelques photos de la cérémonie aux Invalides, le 17 mars 2008, et l'hommage national aux poilus à voir à cette adresse.


5 mars 2008

Trois années sous le drapeau de Beaulieu

Légendes des photos (de g. à d., de haut en bas) : Lecture du rapport ; Cercle des pommes de terre ; En marche ; Autour du lavoir.

Surpris ici, en 1895 (date supposée), à la caserne caennaise de Beaulieu, dite de la Maladrerie, de jeunes gens effectuent leur service militaire dans le 36e régiment d'infanterie. C'est encore l'époque de l'application de loi Freycinet, dite "loi des trois ans" de service militaire. Le recrutement se fait alors au niveau du canton, selon un tirage au sort qui détermine qui sera appelé et la durée du service à effectuer : si lors de cette effrayante "tombola", les jeunes gens tirent un mauvais numéro, ils effectuent un service long. Avec un bon numéro, leur service est plus court... Ce système a pendant longtemps été redouté dans les campagnes normandes. Pour éviter de tirer le mauvais chiffre, les jeunes de l'Orne avaient une formule de conjuration : "Pour tirer au sort, dite : Seigneur qui n'avez pas voulut que vottre robe soit déchiré et jetez au sort, moi qui tire aujourd'hui ezentez moi, Seigneur. (3 fois.) On dira trois Pater et trois Ave Maria. Mois qui tire aujourd'hui, Seigneur, trois fois. Alez san Manger." Avant la Première Guerre mondiale, la durée de service militaire va encore connaître quelques errements : en 1905, elle sera de 2 ans, puis en 1913, elle sera portée à 3 ans.