Pourquoi ce blog et comment le lire ?

Cette page, qui n'a pas la prétention d'être exhaustive, est un hommage rendu aux hommes du 36e régiment d'infanterie que mon arrière-grand-père, Fernand Le Bailly, a côtoyés, parfois photographiés pendant la Première Guerre mondiale. Elle souhaite conserver et transmettre leur souvenir. Elle est conçue à partir de témoignages, d'écrits et d'archives personnels qui m'ont été envoyés, en partie par des descendants de soldats du 36e. Elle est aussi un prétexte pour aller à la rencontre d'"invités" – historiens, passionnés de la Grande Guerre, élus, écrivains... – qui nous font redécouvrir aujourd'hui ce titanesque conflit. Elle est enfin un argument pour découvrir tous les prolongements de ce gigantesque conflit dans le monde d'aujourd'hui.
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22 janv. 2008

La mission du chanoine Bornot


Légende de la photo dans l’album de Fernand Le Bailly : "L'aumônier du 36e. Le père Bornant (nous a toujours suivi au combat)."

Figure tutélaire du 36e RI,  le chanoine Henri Bornot (et non Bornant)  fut un témoin privilégié des souffrances des combattants de 1914-1915. D'une constante fidélité au régiment, il n'a laissé aucun témoignage ni de traces de son action. A sa mort, un petit article est toutefois paru dans le bulletin n°5 de l'association amicale des anciens du 36e, dont j'extraits ici les informations.
Henri Bornot naît en 1861. Professeur au séminaire de Joigny, il est l'aumônier du 1er régiment de dragons, pour lequel il rédige une revue intitulée L'Ami du drapeau. La mobilisation le trouve rayé des cadres. Entend-il l'appel du président du Conseil René Viviani qui autorise, le 11 août, le recrutement d'aumôniers volontaires ? Toujours est-il qu'à 53 ans, il demande au ministère de la guerre à contracter un engagement pour la durée des hostilités afin de reprendre au front ses fonctions d'aumônier militaire. Après plusieurs démarches, il obtient satisfaction : il est affecté à la 5ème division et détaché au 36e régiment d'infanterie, qu'il rejoint à Courgivaux, dans les premiers jours de la bataille de la Marne. Dès lors, il ne quittera plus l'unité qu'il accompagnera dans toutes ses affectations.
Comme bon nombre d'aumôniers militaires, Henri Bornot porte la soutane et le brassard blanc marqué d'une croix rouge. En première ligne, il se dépense sans compter auprès des soldats, leur remonte le moral, entend leurs confessions, leur apporte tabac et friandises qu'il a pu se procurer à l'arrière... Au combat, il accompagne la troupe, aide les brancardiers dans leurs tâches, administre les derniers sacrements aux mourants, procède aux inhumations... Pendant l'hiver 1915, avec l'aide de l'aumônier Girard ainsi que celle du commandant Chassery et de plusieurs autres officiers, il fait même ériger une chapelle rustique avec des claies de branches dans les bois de Beaumarais, dont l'emplacement est marqué aujourd'hui par le petit monument commémorant la présence du 36e.
Mais son sacerdoce connaît une fin tragique le 23 mais 1916, lorsqu'il est grièvement blessé devant le fort de Douaumont par un obus ennemi. Transporté à l'ambulance, Henri Bornot subit l'amputation de la cuisse gauche. Cité à l'ordre de la 5e division d'infanterie par le général Mangin, il reçoit la croix de guerre et celle de chevalier de la Légion d'honneur avec citation à l'ordre de l'armée. Après cette blessure, l'homme de Dieu retourne dans l'Yonne.
Il n'en garde pas moins des liens étroits avec le 36e RI... Il vient ainsi plusieurs fois dans la ville de Caen assister à des manifestations d'anciens du régiment. A l'occasion de l'Assemblée générale de 1933, selon le bulletin, il compose une chanson de 25 couplets, dédiée au régiment, sur l'air de la chanson de Bruant A Menilmontant, dans laquelle il passe en revue certains épisodes de la guerre 1914-1918. L'anecdote raconte même qu'il la chante avec verve et entrain au banquet qui se tient au Buffet de la gare ! C'est enfin avec l'appui de quelques vétérans du régiment qu'il se décide à présenter, en 1937, une demande pour obtenir la croix du Combattant volontaire et la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Il recevra la première en 1937, et les insignes de la seconde lui seront remis par monseigneur Lamy, évêque de Sens quelques mois plus tard. Il meurt le 24 février 1947 à Montigny-la-Resle, un petit village aux environs d'Auxerre.

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